lundi 9 juillet 2007

Ethique et morale de l'entreprise


Telle était le titre prometteur d'une allocution du philosophe français André CONTE-SPONVILLE, qui a eu lieu le 18 juin dernier à l'ESC de PAU. Le ton était résolument engagé, le verbe fluide, précis et sans ambiguité, mais c'est surtout par son style que le philosophe a selon moi brillé durant plus de deux heures d'intervention. Devant un amphitêatre quasi comble, il a tenu en haleine une assemblée captivée par des propos alliant richesse, humour et éloquence.

Vous qui vous apprétez à créer votre entreprise, ou qui êtes déjà dans la peau d'un "patron", ces extraits ne devraient pas vous laisser insensibles : "Ce que cherchent les salariés, c'est le bonheur, ce que cherche l'entreprise, c'est le profit, en somme personne ne cherche le travail ! ... Le travail n'est pas une valeur en soi, comme la générosité, la solidarité ; le travail s'entend moyennant une contrepartie marchande, le travail n'est donc pas moral ! Le travail est un moyen en vue d'une autre fin, et il n'est pas une fin en soi.

Le sens du travail, c'est forcément autre chose que le travail lui-même : c'est le rôle des managers de le trouver. Ex : le bouquet de fleur offert à madame : il veut dire : "je t'aime toujours", c'est donc l'amour qui donne du sens au bouquet ! ....

Pour passer à la vitesse supérieure en terme de doctrine, André CONTE-SPONVILLE nous a emmenés dans les traces d'Aristote "Le désir est l'unique force motrice de l'homme" et de Spinoza "Le désir est l'essence même de l'homme". Pour revenir dans la spère du travail, ces deux théories s'accordent sur la place du cadre dirigeant : c'est un professionnel du désir de l'autre : le client (dans le monde du marketing) ou du salarié (management).

André CONTE-SPONVILLE a conclu ce cheminement par ces quelques mots : "Au delà de l'argent, on a tous besoin d'autre chose, de bonheur, de plaisir, de participer à une oeuvre collective ... les salariés ne travaillent pas par devoir, ils travaillent pour accéder au bonheur, pour être heureux. L'entreprise ne travaille pas non plus par devoir, elle travaille pour accéder au profit. Le but de l'un est le moyen de l'autre. C'est une entente solidaire : une régulation socialement efficace de l'égoïsme de chacun !

Ces quelques phrases n'ont que la prétention de vous donner un pâle aperçu de la pertinence pour certains, ou l'impertinence pour d'autres, d'un point de vue sur une thématique très en vogue aujourd'hui dans les entreprises. Si ces quelques mots ont su aiguiser votre curiosité, je ne saurais trop vous conseiller pour cet été la lecture des ouvrages d'André CONTE-SPONVILLE, entre autres : "Le capitalisme est-il moral" (Editions Livre de Poche, 2006), ou de consulter un résumé complet de l'intervention sur le site de l'ESC Pau, en cliquant sur le lien : http://www.esc-pau.fr/actu-conference-andre-comte-sponville.htm

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci de nous faire partager des propos aussi passionnants.

Anonyme a dit…

Ne dit-on pas que l'argent ne fais pas le bonheur... mais qu'il y contribue fortement?!
En outre certaines personnes aiment leur travail et ne le font pas UNIQUEMENT pour un salaire.
Il faut y croire...